LE MARCHE DE NUIT DE SHIDA

Publié le par JB

P1010972

L’ambiance est détendue ce soir, c’est le retour des grosses chaleurs. Les gens marchent lentement dans la rue, contrairement à d’habitude où c’est une bousculade continuelle. Taipei a revêtu son habit d’été, léthargique et coloré. J’aime me promener dans ce Taipei-là.

Je suis sorti plus tard que prévu, j’ai sauté le dîner que je fais d’ordinaire à l’extérieur. J’étais en pleine recherche d’emploi et le temps a filé sans que je puisse rien y faire : trouver un boulot est ma priorité numéro une. J’ai donc cédé aux traditionnelles nouilles chinoises, telles qu’on les connait partout dans le monde : ouvrez le paquet, faites bouillir l’eau, attendez deux minutes et c’est prêt. Je m’étais pourtant juré de toujours faire l’effort de sortir manger… ça revient quasiment au même niveau prix, et ça permet de prendre l’air. De sortir de sa coquille hermétique. C’est raté. A peine huit jours et je fais déjà des entorses à mon règlement.  Du  coup, je me suis forcé à sortir un peu plus tard, une fois le travail terminé, histoire d’aller siroter un cocktail dans un des nombreux bars du quartier. Je me suis dis que ce serait l’occasion d’avancer le blog dans un environnement agréable.

Les bars, pour la plupart, ressemblent à de petits cafés trendy. Ce sont des espaces cosy à la décoration plutôt recherchée, ce qui est assez exceptionnel puisque les taïwanais n’ont pas vraiment le goût de la déco…  Il n’y a pas de pub, pas café-terrasse ni de club, ce n’est pas le genre du quartier. Ici, c’est plutôt un coin bobo et… girly. Le marché de nuit y est pour beaucoup. Les deux facs environnantes également. A Taïwan, ce sont souvent les femmes qui vont loin dans les études.

Par contre, les prix sont assez chers, ils n’ont rien d’étudiant. Je parle bien sûr par comparaison, par rapport au coût de la vie. On paiera un verre, par exemple, deux à trois fois ce qu’on vient de dépenser pour se remplir le ventre…  boire socialement est une activité de gens aisés.

L’autre jour, j’avais atterri au Café Bastille. Ce n’était pas vraiment mon intention de faire un clin d’œil aux alcooliques parisiens que je fréquente, le café que j’avais repéré était fermé ce soir-là. Il fallait bien que je me pose ailleurs. Et Bastille me poursuit quand il s’agit de picoler… 

J’étais surpris par le choix de bières qu’ils offraient : il devait bien y en avoir une cinquantaine. Toutes belges. La bouteille coûtait un peu plus de 4€, une fortune quand on a l’habitude de payer son café, son thé ou son Coca  0.7€. Mais au final, en y réfléchissant, ça reste très honnête sachant qu’ils sont bien obligés de l’importer de l’autre bout du monde… J’avais opté pour un cocktail, un poil moins cher. Aujourd’hui, je suis dans un autre bar et j’en fais de même : je sirote ma boisson en pensant à vous, à ceux que j’ai laissé derrière moi alors que je choisissais de m’exiler. C’est ma sortie alcoolisée hebdomadaire à vos côtés. A la vôtre !

Le marché de nuit de Shida est un bonheur pour les femmes : on doit au moins y dénombrer une centaine de magasins de fringues, de la création arty aux fripes pas chères, des sous-vêtements aux couvre-chefs, du classique au plus délirant. J’aimerais dire qu’il s’agit là de leur temple inavoué -celui qu’elles fréquenteraient le plus assidûment, mais ce ne sont pas forcément les magasins de fringues qui sont pris d’assaut. Ce sont les restaurants et autres bouibouis attenants. Deux campus viennent au marché se restaurer, imaginez la foule ! Deux heures durant, elle est continue.

Ce qui est amusant avec les taïwanais, c’est qu’ils partagent souvent un goût commun avec leur voisin, ce qui donne lieu à des queues monstrueuses devant certains marchands. Ils sont prêts à patienter des heures pour avoir ce qu’ils étaient venu chercher ! Moi, dès que je vois deux personnes devant moi, je vais voir ailleurs… c’est ce qu’on appelle une différence culturelle.

On trouve de tout à manger, des fruits à peine découpés au restaurant classe. Ils sont doués pour offrir un éventail de choix assez complet, dans tous les domaines. Qu’on soit riche ou pauvre, on trouve toujours quelque chose qui nous contente. N’est-ce pas ça, la démocratie ? On devrait en prendre de la graine avec notre offre rigide et discriminatoire. Un modèle qui fournit le nécessaire à toutes les classes de la société. Quelle ironie que ce soit ici qu’on s’en approche le plus…

Mon restaurant préféré dans le quartier est un restaurant thaïlandais. Je ne le savais pas avant que Chia Ping m’en fasse la remarque : je ne sais pas lire le chinois.  Je ne peux y manger que le midi, le soir il est beaucoup trop prisé pour que j’aie une chance d’en profiter. Il doit bien écouler sa tonne de poulet tous les jours, vue la queue qu’il génère dans la rue ! Pour 2€, tu as un repas complet de bonne qualité. La serveuse me reconnait déjà, j’en ai fait ma cantine un jour sur deux. J’aime l’expression anglaise qui qualifie ce genre de comportement : man of habits. Mon café, ma cantine, mon cocktail… mon célibat. Ne cherchez pas plus loin…

Des fois, je me dis que j’ai bien de la chance d’être tombé dans ce quartier. Hier, j’avais envie de crêpes (rien d’extraordinaire avec moi !), je suis donc allé m’enfiler quelques pancakes. Ce ne sont pas les mêmes qu’à la maison mais c’est déjà bien ; ça me suffit. On trouve aussi des stands de Nayos un peu partout : ce sont des espèces de mini-gaufres remplies d’une crème pâtissière classique, ou d’une pâtée d’haricots rouges sucrée. La pâte est la même que celle utilisée pour les crêpes. Yummi !

On trouve des burgers maisons pour 3€, un indien que je n’ai pas encore essayé, des restos italiens, grecs ou allemands… il y a même un Burger King à proximité, les fans apprécieront. Sans compter les dizaines de stands volants que l’on trouve tout le long du marché, impossible de ne pas trouver son bonheur. En tous cas, ça fait le mien.

Voilà, j’aimerais mettre mille photos de l’endroit mais ce n’est pas très facile de le sortir au milieu de la foule. Il vous faudra l’imaginer en partie, ce qui n’est pas si mal, ça fait fonctionner la machine à rêves … J’en mettrais tout de même au fur et à mesure, si certains soirs sont plus calmes que d’autres. Sur ce, il se fait tard ici, j’ai fini mon verre. Je vais faire un dernier tour dans les rues maintenant endormies du marché, j’habite à deux minutes. Et ça c’est chouette.

Publié dans NOUVELLES EN VRAC

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
<br /> Oh tout ça donne bien envie!<br /> Rend toi compte qu'aujourd'hui, toujours en retard pour le boulot, je me suis arrêtée dans une boulangerie histoire de me prendre un petit truc à grignoter. Le manque de choix et de sous m'a fait<br /> opter pour le traditionnel jambon/beurre.Quand j'ai entendu la vendeuse me dire "ça fera 4 euros", je lui ai fait répété deux fois tellement je n'en croyais pas mes oreilles! Non mais 4euros pour<br /> une demi-baguette, un chouïa de beurre et une malheureuse tranche de jambon sous cellophane, c'est du délire! J'ai eu beau vérifier, non non, il n'était pas doré à l'or fin. Il n'était même pas bon<br /> d'ailleurs.<br /> Alors je me suis mise à envier toutes tes découvertes culinaires à prix très "démocratiques".^^ Et puis si tu en as l'occasion, fait nous partager quelques trouvailles. Régale toi bien.<br /> <br /> <br />
Répondre