L'ART DE SE FAIRE PLAISIR (OU COMMENT LE GUIDE MICHELIN A VIDE MON COMPTE EN BANQUE)

Publié le par JB

Tout a commencé en juin dernier, en passant devant l’Ambroisie, Place des Vosges. Je me promenais avec Romain quand il a fait cette remarque : « c’est le meilleur restaurant de Paris – et accessoirement le plus cher. »  On s’est approché de la carte par curiosité (le restaurant était fermé, on était en plein après-midi) et les noms ont commencé à me faire saliver, ils fondaient sous la langue. Mon estomac s’est aussitôt réveillé, il a gargouillé quelques fois, approuvant le menu d’un coup de tambour généreux, et dans un élan financièrement masochiste, je me suis dit que j’irais un jour dans un grand restaurant parisien, histoire de voir ce que ça donne en vrai, dans une assiette et dans ma bouche. Je n’ai pas attendu longtemps avant de passer à l’acte.

Ma première folie m’a mené au Meurice, restaurant classé 3* au Guide Michelin et véritable claque culinaire. De bout en bout, des amuses gueules tout simples au café accompagné de ses mignardises, en passant par le vin et le fromage, un sans faute exceptionnel qui marquera à jamais mon palet. Je suis resté plus de quatre heures à table et je n’ai pas dîné le soir ; j’en ai encore les saveurs dans la bouche…

J’aurais pu en rester là, mais j’avais pris goût à l’excellence. Surtout, je me demandais si tous les restaurants étoilés étaient aussi hors normes que celui que j’avais testé ; après tout, je n’avais pas de point de comparaison ! Il fallait que je vérifie au plus vite !

Ont donc suivi : Lasserre, 2* et des desserts au chocolat à me filer des insomnies. Ledoyen, 3* et son rie de veau qui m’a décidé à ne plus jamais en manger de ma vie. Et le petit dernier, Les Pyrénées, 2* à St Jean Pied de Port, généreusement offert par mon père pour fêter mon départ. Pour résumé, j’ai quitté la France en ayant mangé dans quatre restaurants étoilés au Guide Michelin, LA référence en matière de gastronomie. J’en suis aujourd’hui à six.

Acheter le Guide Michelin (édition Hong Kong/Macao) a été première que j’ai faite en descendant de l’avion lundi soir. Pour m’être intéressé aux grands restaurants parisiens ces derniers mois, je savais que le Guide avait sorti des éditions couvrant New-York, Tokyo et Hong Kong ; je connaissais donc son existence avant de débarquer. Par contre, ce que je ne connaissais pas encore, c’était les prix pratiqués à HK : des prix misérables comparés à ceux des meilleures tables françaises. Je me suis dit que ça valait donc le coup que je me fasse plaisir.

Sur quatre repas effectués ici (lundi soir, il était trop tard pour que je chasse un resto spécifique), j’ai testé quatre adresses listées dans le guide, soit : 4 étoiles, 2 Bib gourmant, un thaï, 3 chinois, un déjeuner au Four Seasons avec vue sur la Baie et une addition totale de… 85€ ! J’en suis encore sur le cul. Si j’étais resté trois jours de plus, j’aurais continué sur le même rythme, ce qui ne va pas être possible. Demain, je pars en expédition à Macao avec des canadiens, et vendredi je pars à midi – soit trop tôt pour faire un autre repas sur place. Dommage !

J’ai donc ajouté un nouveau 3* à mon escarcelle, le 3ème. A la lecture du résumé dans le Guide, je ne m’attendais pas vraiment à le dénicher au 4ème étage d’un établissement de la chaîne d’hôtels de luxe mondialement connue, le Four Seasons ; en fait le Lung King Heen m’avait l’air d’un grand restaurant au style trop chinois pour avoir sa place dans un espace aussi clinquant que le palace en question, mais visiblement je me trompais. Il était bien là, dans un building d’une trentaine d’étages comprenant un mall, plusieurs bars lounge, une multitude de suites et encore plus de chambres, un premier resto étoilé au 4ème (celui dont je parle) et un second au 6ème (celui qu’il faudra que je teste la prochaine fois). J’imagine qu’on pouvait aussi y dénicher des spas et autres saunas en tout genre, mais je n’ai pas fouillé… Fait amusant en tous cas, les deux meilleurs restaurants de Hong Kong se trouvent dans le même bâtiment, alors qu’on dénombre une dizaine de palaces à travers la ville ! En effet, il n’y a que deux resto 3* à HK (et aucun à Macao), et les deux se trouvent à quelques mètres d’intervalle. (L’autre se nomme le Caprice, et propose une cuisine plus francisée.) Le Four Seasons a bien fait les choses.

Le Guide précisait qu’ils faisaient un menu à 400HK$ le midi, soit 40€ (pratique pour compter). Au final, je n’ai pas vu le début du commencement d’un menu, il n’y avait que la carte ; ce qui m’a coûté encore moins cher, paradoxalement (360HK$). J’aurais pu me faire un peu plus plaisir, goûter plein d’entrées pas trop chères, mais je suis déjà ressorti du resto le ventre prêt à exploser, après avoir avalé deux entrées, un plat de pâtes (j’aurais dû prendre un truc moins classique) et un dessert pour le moins original – mais quand même savoureux. J’ai mangé à cette occasion un vapeur à la crevette qui ferait passer n’importe quel vapeur parisien pour du surgelé ! La crevette sentait la pêche de la veille… Les pâtes étaient bonnes mais le plat baignait dans la sauce ; même légère et digeste, je me dis que j’aurais dû me laisser tenter par un plat plus travaillé. Sinon, j’aurais du mal à expliquer les autres aliments qui sont passés de l’assiette à mon ventre, ils valaient le détour mais ils n’ont pas d’équivalent en France.

Je me suis présenté en jean et on ne m’a pas embêté pour autant. Pas un regard sur ma tenue, pas un reproche réprimé… ils m’ont même placé au niveau de la baie vitrée, avec vue sur l’autre rive. Je devais leur paraitre un peu étrange tout de même, à déjeuner seul dans ce genre d’endroit plutôt clinquant, où tu emmènes tes clients pour un repas d’affaires, ou ta copine pour l’impressionner. Une serveuse m’a proposé des magasines, mais j’ai préféré continuer Coetzee, Journal d’une Année Noire, tout en profitant de la vue. Il a plu tout le long de mon arrêt au Four Seasons, ce qui ne m’a pas donné envie de repartir très vite… finalement, je me suis bougé les fesses parce que j’avais pas mal de choses à voir, et bizarrement il a cessé de pleuvoir dès que je suis sorti.

Ce soir, je me suis encore cassé le bide, au Din Tai Fung, 1* dans le guide. J’y ai pris plus de plaisir, le cadre me paraissait plus convivial. (Le sourire de la serveuse a aidé, je n’en doute pas…) J’ai pris des dumplings (sorte de vapeurs), la spécialité de la maison, avec un gâteau de riz fourré au poulet étonnamment pas bourratif, une soupe au filet de porc et des légumes sautés à la viande émiettée. Trois heures après, je suis encore en pleine digestion ! Et tout ça ne m’a coûté que 15€, si ce n’est pas formidable ?!!!

Hier, je me suis contenté de deux « Bib gourmand », la note en dessous de l’étoile. Néanmoins, ça valait quand même le déplacement. Dans l’un, j’ai goûté une soupe à la cacahuète (particulièrement intrigante) d’excellente facture ; et dans l’autre, j’ai mangé thaï, des mets assez fins. En deux jours, quand je regarde mon ventre, j’ai l’impression d’avoir foutu en l’air le mois de travail effectué à Taipei !  Il va falloir que je mette les bouchées doubles en rentrant, histoire de rattraper la semaine de sport perdue. Mais bon, si on ne se fait pas plaisir en vacances, quand peut-on profiter de la vie ?

P.S : désolé si je vous ai mis l’eau à la bouche, je vous promets de ne pas poster ce genre d’article trop souvent ! ^^

Publié dans NOUVELLES EN VRAC

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Commenter cet article
C
<br /> Heureux qui comme ulysse à fait un beau voyage et aussi des grosses bouffes.<br /> Je suis content d'avoir pu participer à au moins 2 de ces préstigieux restaurants meme si on a raté le Bristol à cause de Sarko!<br /> Je ne crois pas que je pourrais en faire de sitôt qui plus est sans mon compagnon de fourchette.<br /> En tout cas c'est sympa que tu puisse t'en faire à travers le monde et pour si peu cher<br /> <br /> Ps: je n'ai pas reçu le mp de la dernière fois, je ne sais pas si tu l'avais envoyé finallement<br /> <br /> ps2: Copenhague-Marseille: 1-3<br /> <br /> <br />
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