AUJOURD'HUI

Publié le par JB

J'ai de jolies cernes à l'encre diluée, je parais pour une fois plus vieux que je ne le suis. Je ne me sens pas fatigué comme ce fut le cas le mois dernier - je me ménage assez de plages de repos pour ne plus trainer la patte -, pourtant mon corps porte chaque jour un peu plus les stigmates de mon rythme de vie dissolu ; Il faut que j'arrête d'essayer de concilier sport et sorties nocturnes.

 

Le matin, il m'arrive de prendre peur en voyant mon reflet dans la glace ; mon Dieu que c'est étrange de se voir ainsi marquer les ans. Alors que j'avais l'habitude d'afficher un visage joufflu respirant l'amour de la bonne chaire, voilà que je présente le profil de l'insomniaque, les yeux à demi clos dans une expression de perpétuelle lutte contre le sommeil. J'avoue d'ailleurs que je ne suis pas contre une petite sieste de temps à autre...

 

Le plus étrange, ce n'est finalement pas la dégradation physique somme toute logique qui a commencé sur moi son travail de longue haleine, c'est le cheminement inverse de ma pensée : au lieu d'aller mal et de me soucier de l'usure du temps sur mon corps, je me sens de plus en plus serein ; j'ai rarement été aussi peu malmené par les tourments existentiels de l'âme.

 

A vrai dire, pour être tout à fait honnête, je ne pense quasiment plus. La colère qui m'habitait il y a trois mois a lentement disparu pour laisser place à un sentiment de quiétude qui me sied autrement mieux. Point de douleur au fait d'être là, plus de questionnement intérieur stérile et aliénant... J'évolue dans un environnement vidé de tout conflit potentiel et j'y ai retrouvé la paix.

 

Le contrecoup de cette sérénité nouvellement acquise, c'est que j'ai perdu l'essentiel de ma créativité. Je ne ressens plus le besoin de m'exprimer sur l'état du monde, je commence à me détacher des problèmes du quotidien. Ecrire n'est plus pour moi une priorité, je souhaite seulement que le temps passe comme une caresse, et je suis dehors, le visage au vent pour en saisir les plus infimes fluctuations.

 

Je n'ai pas envie de m'attaquer à un nouveau scénario, je n'ai pas envie de m'attaquer au Grand Roman... non, je n'ai qu'une envie et je la suis au plus près : vivre. Et quand j'en aurais marre de courir en tous points, je me poserais peut-être pour en raconter quelques détails. Un jour ou l'autre...

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