UN AN DÉJÀ

Publié le par JB

Je n'ai pas réalisé de suite, mais cela fait un an que j'ai quitté Paris pour prendre la route. Un an que je me suis lancé à la recherche de moi-même, à l'autre bout du monde. Et que j'y ai trouvé ma moitié.


En jetant un rapide coup d'oeil en arrière, je me rends que rien ne s'est passé comme je l'avais prévu ; je me suis laissé embarquer par des évènements, je n'ai pas cherché à lutter. Je pensais m'installer un an à Taïwan et travailler sur place tout en apprenant le mandarin... au final, j'ai donné une poignée de cours de français - juste de quoi me faire un peu d'argent de poche-, j'ai appris les rudiments du chinois - rudiments que j'ai quasiment oublié aujourd'hui... - et, avant toute chose, je me suis vidé la tête. Fini les ambitions délirantes, la colère et la frustration de ne pas y arriver... à Taipei, j'ai fait la fête, beaucoup, j'ai voyagé, autant que possible, et j'ai surtout fait la paix avec mon âme. C'est ainsi que j'ai compris que j'avais trouvé ce que j'étais parti chercher en prenant la route. C'est ainsi que j'ai pu me décider à aller voir plus loin ce qui s'y passait. L'Australie m'a tendu les bras et je l'ai embrassée. 

 

L'Australie... Pays-continent dont les visiteurs revenus de ses terres vous vantent les merveilles à foison. Pays de l'unanimité, génial et accueillant. Sauvage et sophistiqué... Le paradis selon beaucoup, un calvaire selon moi. Dès le début, le courant n'est pas passé entre nous, il faisait trop froid à Melbourne et je déteste ça. J'ai pris la direction de la côte est et je me suis retrouvé à travailler dans une ferme, dix à douze heures par jour. Je n'y arrivais pas - c'était trop physique pour mes bientôt trente ans. Les autres garçons, dix ans plus jeunes que moi, rigolaient dans mon dos ; ils pensaient que j'étais fainéant... Il m'a fallu trois semaines pour prendre le rythme et ne plus avoir mal comme un chien. J'avais déjà perdu cinq kilos. Quand je monte sur la balance aujourd'hui, elle n'affiche pas 70kg ; cela ne m'était plus arrivé depuis mon départ des Classes préparatoires du Lycée Militaire d'Aix. 

Après les patates, ce fut au tour des mangues... - Malheur! 

Dix jours de cueillette plus tard, je me réveillais le cou pris de rash, une infection cutanée symbolisée par l'apparition d'une infinité de boutons. Quelques heures plus tard, j'avais des traces de rash sur le ventre et les avant-bras. Puis ce fut au tour des cuisses, des mains, des mollets... Je faisais une allergie à la sève giclant de la tige de la mangue quand on l'arrache de l'arbre. Pendant trois semaines, j'ai subi ses effets : démangeaisons extrêmes, physique abîmé. J'ai haï une fois de plus l'Australie et j'ai quitté la ferme pour retourner à une vie citadine plus semblable à mes goûts. 

Alors que ce devait être une partie de plaisir, je n'ai pas trouvé de boulot avant quinze jours. Et quand j'en ai enfin trouvé un, je me suis fait arnaqué. A la fin d'un service de 2h30, le patron m'a annonçait qu'il ne me paierait pas, car la loi australienne lui permet de mettre à l'essai sans me payer. Si seulement il m'avait prévenu auparavant... Légèrement stupide sur les bords, j'y suis retourné ; en un mois, j'ai fait le quota d'heures qu'il m'avait promis par semaine, soit 12h. Juste de quoi payer les transports en commun et les amuses-gueule avant de passer à table. 

Comme je ne travaillais pas assez au bar, j'ai donné mon accord pour faire de la vente directe. Deux jours de formation et une journée sur le terrain plus tard, j'apprenais que la boîte fermait dix jours pour les vacances de Noël. Bonnes fêtes et bonne année!

La semaine dernière, je décide de retourner à la ferme - j'en ai plus que besoin financièrement. Mais alors que la saison devrait battre son plein, pas un boulot à perte de vue - les pluies récentes ont tout retardé. Dans ce cas, que fait-on? On insiste, on pleure ou on laisse tomber? J'ai opté pour les trois options à la fois. Dans quelques jours, je serai de retour à Shepparton où la cueillette battra de nouveau son plein ; pour le moment je me morfonds à Melbourne où je m'envois bonbons et chocolats à m'en donner mal au coeur ; après mon séjour à Taïwan en février pour le mariage de Michaël, je ne rentrerai pas en Australie, j'irai rejoindre Yee Ki à Hong Kong. Il me reste donc deux semaines à tenir en Australie...

 

Voilà, je ne l'ai peut-être pas beaucoup écrit mais c'est officiel : je n'aime pas l'Australie. J'ai envie de dire qu'elle me le rend bien mais ce serait avoir la mémoire courte : c'est ici que j'ai rencontré le soleil de mes jours. L'étoile de mes nuits. Ma petite Yee Ki. 

J'ai l'impression que le sort s'acharne sur moi depuis que je l'ai rencontré - moi d'ordinaire si chanceux! Comme si je devais payer chèrement le droit de la fréquenter ; d'être auprès d'elle. Je lâche une dîme pour ne pas la laisser s'envoler. Je subis la tournure des évènements parce que je sais que le prix en vaut la chandelle. Ah!, je dois m'user les reins pour ne pas la perdre? Soit! Rien ne me fait plus peur aujourd'hui que de la laisser filer entre mes doigts.

 

Un an... Taïwan-Hong Kong-Philippines-Malaisie-Australie-Japon-Vanuatu... que de chemins parcourus! Que de rencontres et de souvenirs! J'ai joué au football gaélique, j'ai mangé dans le meilleur restaurant de Hong Kong au Four Seasons ; je me suis senti chez moi à Kyoto, j'ai voyagé sur le toit d'un jeepney aux Philippines ; j'ai dormi sous une tente qui prenait l'eau sur le volcan d'Ambrym et j'ai été amené à vivre en tribus. J'ai fait du kayak d'une plage déserte à l'autre en Malaisie et j'ai rencontré ma femme en Australie. Ce fut une année plutôt chargée. Chargée en émotion, chargée en aventures. Il me reste encore six mois avant de remettre les pieds chez moi, espérons qu'ils me réservent de belles surprises. Il y aura encore beaucoup d'articles à venir, bien que j'ai ralenti le rythme des publications depuis mon arrivée chez les down/under. Jeudi prochain, le blog fêtera ses un an à son tour, et j'aimerais à cette occasion que vous lui fassiez un petit cadeau : faites-en de la pub sur facebook, twitter, que sais-je, au boulot ou à vos amis... Je suis assez curieux de voir le pic de fréquentation que cela pourrait entraîner... Il y a six mois, vous étiez 4 ou 5 par jour à vous connecter à cette adresse ; depuis un mois, vous êtes entre 10 et 12... Merci infiniment de le faire vivre, et à très bientôt!

 


 


Publié dans VIE PERSO

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Z
<br /> Quel plaisir de savoir que tu t'es enfin trouvé, et que tu l'a trouvée aussi. Je te souhaite vraiment tous les bonheurs. Au plaisir de te revoir bientôt pour te présenter ma deuxième puce,<br /> Juliette, née le 16 décembre. Pauline fête ses 2 ans . Je t'embrasse bien fort, merci pour ces nouvelles du bout du monde .( Mais malgrè tout ce que tu en as dit, j'aimerai bien voir l'Australie<br /> moi! J'ai un faible pour les Kangourous!!)<br /> <br /> <br />
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V
<br /> bonne année le blog ! un an déjà !<br /> <br /> <br />
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J
<br /> C'est cool de te lire, ça permet de voyager :)<br /> Et félicitations pour ton Aimée, ça fait vraiment un truc étrange quand on trouve la personne de sa vie!<br /> Des bises<br /> <br /> <br />
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V
<br /> la vie c'est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber... C'est au moment où on s'y attend le moins que l'on peut vivre des instants inoubliables. C'est aussi quand on a<br /> trop attentes pour un événement, un voyage, une soirée.. que l'on peut être le plus déçu..<br /> Malgré les cotés négatifs de ton trip, il te restera la chance unique d'avoir voyagé pendant un an dans différents pays, d'avoir rencéontré des gens extraordinaires, vu des paysages magnifiques et<br /> vécu des scènes totalement inédites. tu garderas cette richesse à jamais en toi. rien ne pourra jamais te faire effacer ces souvenirs d'un voyage hors du commun. alors, continues d'en profiter<br /> jusqu'à la fin car tes 30 ans approchent et le temps de la raison approche aussi...j'ai été en tout cas ravi "detre l'une des étapes" de ton superbe voyage et gardera en mémoire cette rencontre à<br /> l'autre bout du monde au pays du soleil levant.<br /> a bientot JB.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Tiens bon jeune homme, tu as pris le bon chemin et demain sera plus souriant. Celle a qui tu as donné la main te guidera.<br /> <br /> <br />
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