MALAISIE, SUITE ET FIN

Publié le par JB

 

Malaisie_carte.pngLorsque je me suis mis en tête de passer deux semaines en Malaisie (alors que mes collègues regagneraient aussitôt la petite Formose), une question s'est de suite posée, essentielle et restrictive : allais-je choisir de visiter la péninsule Malaise, ou bien la Malaisie orientale (plus connue sous le nom synecdochique (^^) de Bornéo) ?

 

Si Bornéo, dans sa description et ses promesses sauvages, avait clairement ma préférence, il a bien fallu que je me fasse une raison : je ne pouvais pas me permettre de payer un billet d'avion Kuala Lumpur / Sibu, aussi bon marché soit-il - cela n'entrait pas dans mon budget ceinture-serrée. Dans ce cas, la péninsule Malaise ce sera !

 

Avant le départ, je me procure généralement un guide (cette fois-ci, le Lonely Planet) que je feuillette d'un oeil distrait. J'essaie par là d'en savoir un peu plus sur le pays que je vais visiter, sans pour autant me lancer dans une étude trop approfondie de celui-ci, car je n'aime rien tant que découvrir le jour-même de mon arrivée sur place, les pages consacrées à la ville parcourue d'un air égaré ; il n'y a pas de plaisir dans la vérification d'une base de données déjà digérées.

 

J'ai également cessé de faire des plans, des trajets, des programmes - toute tentative d'organisation préalable ! - car je me suis rendu compte que les schémas si finement réalisés sur ma table de travail volaient en éclats aussitôt le pied posé sur la terre étrangère ; que voulez-vous, je change d'avis comme une girouette. (Aux Philippines, j'avais d'abord étudié la possibilité d'aller à Boracay, un lieu de villégiature en bord de mer très apprécié des étrangers à Taïwan, pour enfin atterrir... en pleine montagne, sur la route des terrasses de riz. A Hong Kong, j'avais prévu d'aller à Macao avant de finir au Four Seasons à déguster les plats trois-étoilés au Guide Michelin du Lung King Heen. En Tunisie, j'avais signé pour une semaine de relaxation en thalasso avant de filer vers le sud - et le désert - sans demander mon reste...) Je ne me prends plus trop la tête quant à la direction à prendre, je tranche au dernier moment, selon l'envie. A quoi bon dessiner un semblant d'itinéraire si c'est pour ne pas s'y tenir ? Je regarde donc la carte avec détachement et je me demande tout simplement : plage ou montagne ? Aux Philippines, c'était montagne, en Malaisie ce sera, par conséquent, plage.

 

Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la Malaisie : http://www.malaisie.org/

 

Alors que je pensais mettre le cap sur la côte ouest du pays, en faisant des haltes sur les îles Penang et Langkawi, je me suis bien évidemment mis en route pour la côte est... (allez comprendre comment fonctionne mon cerveau !...)  Au moins, j'avais prévu le coup en n'emportant avec moi que des affaires de plage, légères et inutiles à l'effort, ainsi je ne finirais pas en pleine jungle à crapahuter des kilomètres alors j'avais opté pour un voyage tranquille et reposant. Bye bye Cameron Highlands et ses plantations de thés, Taman Negara, vos promesses de sable fin ont eu raison de mes doutes naturels.

 

Au départ de Kuala Lumpur, je ne savais pas encore très bien si j'allais me diriger directement sur Tioman, si j'allais faire un arrêt surf à Cherating - bien que ce ne soit pas la saison -, ou bien à Pekan, également sur le chemin, pour son côté plus traditionnel. J'ai donc pris un ticket pour Kuantan, la plus grande ville sur la côte est ; je pensais que mon indécision me laisserait un maximum de portes ouvertes, c'était malheureusement sans compter sur la faible fréquence des bus malaisiens... arrivé à Kuantan (en pleine nuit, avec une heure d'avance), je me suis vite rendu compte qu'atteindre Cherating ou Pekan, des destinations moins courues, allait s'avérer un cauchemar logistique, avec un nombre incalculable d'heures gâchées à attendre un hypothétique bus, en transit au milieu des paquerettes. J'ai dû tirer un trait sur ces deux villes, j'ai de suite filé à Mersing, le port de pêche d'où partent les navettes pour Pulau Tioman.

 

En Malaisie, soit vous avez le temps et vous avez le bonheur de tout voir (du moins, ce que vous souhaitez voir), soit vous avez un temps limité devant vous, et vous allez de déception en lieu manqué. C'est triste mais quand j'y repense, il y a tellement d'endroits où je n'ai pas pu me rendre en quinze jours d'un tour vite fait, que je pourrais facilement y retourner un mois sans mettre le pied une seule fois là où je l'ai déjà posé.

 

A 4h30 du matin, à la gare routière de Kuantan, je regardais la rediffusion d'un match de la coupe du monde d'un oeil distrait ; j'étais encore en train de démêler dans mon esprit le fil des jours à venir. A 6h30, je prennais un premier café, à 7h30 un petit déjeuner. A 8h, les comptoires ouvraient enfin et j'achetais un ticket pour le premier bus en partance pour Mersing... à 11h. Ils ne faut pas les brusquer, les malaisiens...

 

Tioman fut un pur bonheur, loin de l'image touristique qu'en donne le Lonely Planet, déjà dépassé. La plage était calme, les restaurants excellents. Louer un kayak m'a coûté une misère, et j'ai ainsi pu aller barboter dans des coins déserts, avec pour seule compagnie les poissons qui venaient me chatouiller les pieds. J'y ai passé 3 jours de repos et de natation pour le moins raffraichissants, mais les bonnes choses ont une fin et je tiens rarement en place plus longtemps... Cherating out, Pekan out, il ne me restait plus qu'à mettre le cap sur une autre île, beaucoup plus au nord : Pulau Perhentian Kecil. Avec sa grande soeur Pulau Perhentian Besar, elles sont connues pour leur environnement exceptionnellement riche, avec des corails à foison, des tortues de passage, des requins inoffensifs, et des plages soit disant vierges... Malheureusement, le développement s'est accéléré ces dernières années sur ces deux morceaux de paradis, et c'est sur une plage abîmée par les manoeuvres des bulldozers creusant chaque jour un peu plus des galeries dans la jungle que j'ai débarqué, sceptique et fatigué. Les hébergements étaient partout complets et j'ai dû attendre le départ inespéré d'un couple pour récupérer un chalet deux personnes que j'ai finalement partagé avec un italien dans la même galère que moi. Avec lui, j'ai fait la connaissance de deux petits frenchies échappés de Shanghaï où ils avaient passé les six derniers mois en stage ; et tous ensemble, nous avons passé la majeure partie de notre séjour à somnoler sur la plage, à regarder les femmes en bikini, à déguster les spécialités locales et à faire la fête le soir venu, bouteilles de vodka et bières trop chères coulant doucement mais sûrement dans nos gosiers assoiffés.

 

Sans eux, je pense que je ne serais pas resté très longtemps sur Kecil, victime de son succès. J'aurais fait mon sac et j'aurais filé dans un endroit plus calme, plus proche d'un refuge à la Robinson Crusoë que d'une plage en mutation full moon. Mais bon, voilà, je n'étais plus tout seul et on s'est bien marré tous ensemble - j'allais d'ailleurs retrouver les français sur Kuala Lumpur avant d'embarquer pour Taipei.

 

Dans les choses qui me tenaient absolument à coeur, il y avait le jungle train, au départ de Khota Baru. Puisque je n'avais pas pris mes affaires de marche, au moins je pourrais avoir un petit aperçu de la jungle à travers la vitre de ma cabine... Sauf que je n'avais pas prévu une chose : le train circule essentiellement de nuit ! Mon aperçu de la jungle s'est donc limité aux néons des gares auxquelles on faisait halte !  (Ce sera pour une prochaine fois, tant pis)

 

Par contre, ce dont je ne me doutais pas, c'est que j'allais tombé sous le charme de Khota Baru, la plus islamique des villes malaisiennes. Ce ne devait qu'être un arrêt transitoire entre deux moyens de locomotion, mais l'après-midi d'attente s'est vite transformée en coup de coeur : kampungs (habitations traditionnelles) merveilleusement conservées, architecture arabisante et marché aux milles couleurs, Khota Baru vaut le déplacement et j'en ai fait l'heureuse surprise. Alors que j'aurais pu sauter d'un bus à l'autre, puis hop !, dans le train, c'est la seule fois où j'ai béni les transports en commun malaisien pour leur faible fréquence et les inconvénients que cela entraine.

 

De retour sur Kuala Lumpur après une nuit dans le train, j'ai de suite filé plus au sud, à Melaka. Ville côtière à l'héritage portugais et hollandais encore riche, Melaka a vraiment des allures européennes selon l'angle sous lequel on la regarde. Pourtant, c'est surtout pour son chinatown aux maisons basses que la ville vaut le détour : façades peintes, dragons suspendus et rues pavées offrent au voyageur une balade forte agréable. L'Unesco ne s'est pas trompé en classant le site patrimoine mondial à protéger, rarement je n'ai eu pareille impression d'être ailleurs, tant en sachant où je me trouvais - Melaka n'a vraiment rien de malaise...

 

Voilà, toutes les photos de ce périple ont déjà été publiées sur le blog, je vous laisse faire par vous-même les allers/retours nécessaires à l'illustration de cet article !  

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