LA RASH, LA MISS ET LE VOYAGE

Publié le par JB

Ce matin, j'ai fait l'école buissonière : j'ai séché le boulot. Je me suis réveillé à 5h avec une rash galopante, la gorge prise sous l'ecséma et les doigts frustrés de ne pouvoir mettre tout cela en sang - j'ai fini par dire stop au ramassage des mangues. Je veux bien souffrir à la tache, rentrer en mille morceaux, bosser sous une pluie averse ou subir la canicule, mais la rash : NON ! - A d'autres ! Récolter des boutons sur tout le corps pour une poignée de dollars, cela n'a pas de sens. En venant sur Ayr, j'avais prévu de travailler dix jours - j'en aurais fait neuf au final. Demain, je devrais atterir dans la liste des "stand by", et vendredi je prends le bus pour Brisbane alors que Yee Ki reste sur place jusqu'à mon retour de Vanuatu. (Elle ne fait que changer d'hôtel, ce qui est devenu une nécessité...) Il y a quelque chose d'un peu officiel à l'écrire ainsi, mais on a décidé de mêler nos destins à l'avenir : à Hong Kong, j'irais ; en France, elle me suivra. Le choix de notre port d'attache ne se fera qu'après mûres réflexions : on ne déracine pas la personne qu'on chérit par pur égoïsme, il faut que raison suive. Mes plans en sont évidemment tout chamboulés... La case "Nouvelle Calédonie" m'apparait aujourd'hui un arrêt difficile à concevoir. Le voilier et ses promesses de traversées mouvementées devront donc attendre que l'horizon s'éclaircisse pour avoir une chance d'être de nouveau au programme. Je suis un peu triste pour Yannick dont c'est le rêve d'une vie, mais quand on passe son temps à bourlinguer comme je le fais, on n'ai jamais à l'abri d'une sortie de route. La mienne a un nom - cela aurait pu être un accident, une opportunité, une révélation. Va savoir où ces chemins de traverse peuvent nous mener... Dans les retours que je reçois par mail, je suis surpris par le "sens" que vous trouvez à mon périple, aussi désorganisé soit-il. Au début, le but était surtout de retrouver une certaine sérennité - sérennité échaudée par des années d'intermittences et une pile de scénarios à faire plier mon étagère, autant d'échecs qui s'accumulaient sous mes yeux sans que j'en trouve la raison. La clef du succès. Mon séjour à Taïwan m'a permis de taire certains démons et de retrouver un sentiment de confiance en moi passablement érodé. J'y ai passé six mois d'introspection conclus par des fêtes ininterrompues - parce que la vie se doit d'être joyeuse ; parce que j'avais l'âme en paix. J'ai quitté Taipei pour me remettre au travail mais force est de constater que je n'avais pas la tête au labeur agricole : que je déteste ça ! Je m'incline devant la nécessité de renflouer une bourse sensiblement amaigrie par une période d'inoccupation longue et riche en voyages, seulement je n'arrive pas à conserver ces quelques sous dans ma poche percée : à la moindre excuse, je dilipende ma fortune ! C'est un bonjour que je vais passer au Japon, le tournage d'un documentaire sur lequel je m'incruste à Vanuatu. C'est un mariage auquel je me rendrais en février à Taïwan. Un événement X dont je ne connais pas encore la teneur et dont vous seul pouvez m'instruire... vos voyages sont mes voyages. Alors que je repasse en France en juillet prochain, j'ai mille plans en tête pour faire de ce retour un trajet inoubliable, autant de fantasmes que je ne réaliserai jamais. Je rêve de faire ce retour en voiture, en moto ou l'arrache, de partir d'Inde et de remonter jusqu'en Asie mineure avant de bifurquer vers le Moyen-Orient et l'Europe (parcours forcément impossible à effectuer du fait de la situation géopolitique des plusieurs des pays traversés). Je rêve de faire mon Nicolas Bouvier à l'envers... Je rêve de partir d'Hong Kong en train, direction Pékin et plus au nord, à la frontière russe. Je rêve de prendre le transibérien de Vladivostock à Moscou, puis un train lambda de Moscou à Berlin, et le tgv jusqu'à Paris. Je rêve de rentrer sur un paquebot, un cargot ou un voilier... je rêve l'extraordinaire et je n'ai pas encore tiré un trait dessus - l'option train sera étudiée de plus près. D'ici-là, j'ai envie de faire des escales à Bali, en Thaïlande, au Cambodge ou au Laos... le monde est trop vaste et je ne sais plus où donner de la tête ! De tout cela, il se peut que je ne fasse rien : je n'ai aujourd'hui ni le budget ni la latitude d'entreprendre ce genre de projet tout seul... mais voilà, après onze mois sur la route et une insatisfaction notoire à travailler à la ferme, j'ai n'ai pas perdu l'envie, et c'est ça le plus important. Le spectacle peut continuer.

Publié dans AUSTRALIE

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<br /> Je crois qu'une fois qu'on commence, on a du mal a arreter de voyager .... le retour à "une vie normale" parait iréalisable :o) enjoy a plus<br /> <br /> <br />
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